Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/395

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Il courut à elle. Tremblante, elle l’écarta d’une main, lui donnant l’autre, et ils marchèrent ainsi jusqu’au bosquet sans se rien dire ; mais il leur semblait que leur cœur battait tout haut.

Elle s’assit ; Michel se mit à ses genoux, et couvrant ses mains de baisers : — C’est donc bien vrai ? lui dit-il, c’est vous, mamzelle Lucie, qui êtes là ? et c’est moi que vous aimez ?…

— Oui, Michel ! oh ! oui, je vous aime ! vous n’avez pas voulu le deviner ; à présent, ne voudrez-vous pas le croire ?

— Si, je le crois ! Je l’ai vu ! je l’ai touché ! Je me le suis répété tout le jour ! J’ai enlevé du banc ce que vous avez écrit, et mes yeux ne voient pas autre chose, mes oreilles n’entendent que cela : Michel, moi aussi je vous aime ! C’est égal, je ne comprends pas tout à fait bien encore. Il me semble que c’est un rêve ; non ! c’est bien vous qui êtes là ! Dites-moi encore, Lucie, que vous m’aimez. Oh ! c’est pourtant vrai que ce grand bonheur est pour moi ! Quand je vous ai embrassée tout à l’heure, ma Lucie, j’ai bien senti que vous m’aimiez. Comment cela s’est-il fait, mon Dieu ! C’est-il donc suffisant d’aimer pour être aimé ?

— Oui, Michel, peut-être, je ne sais pas ! C’est parce que c’est vous, que je vous aime. Oh ! que je suis heureuse de vous voir si heureux !

— Et moi, où prendrai-je du bonheur pour vous en donner assez, ma Lucie ? Oh ! je ferai en sorte que vous ayez le meilleur bonheur de la terre ! Lucie ! Lucie ! ma Lucie à moi !

— Michel ! Michel !…

— Non, je ne vous embrasserai point, puisque vous ne le voulez pas. J’ai tant de bonheur ! Si j’en demandais davantage, serais-je pas un ingrat ? Et puis, à force d’être