Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/403

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Mme Bertin et Clarisse étaient habillées pour sortir, et Mme Bertin, prenant à part Lucie :

— Ton oncle est venu nous chercher, lui dit-elle, et il nous a dit des choses très-amicales. Il assure que ça te ferait du tort si nous n’allions plus chez lui, à cause de ta sotte action envers Michel. M. Gavel n’en saura jamais rien. Enfin, M. Bourdon promet que tu seras reçue comme auparavant, et je te préviens que si tu ne voulais pas venir, ton père, qui est déjà parti devant avec ton oncle, ne te le pardonnerait pas. Tu sais que, dans un mois, c’est la noce de ta cousine. Il faudra pourtant que tu y figures. Allons, va prendre ton écharpe et ton chapeau.

La jeune fille obéit en silence, quoique à regret.

Certes, Mme Bourdon et sa fille ne commirent pas d’impolitesses à l’égard de Lucie. Elles eurent même des prévenances, mais de quel air ! On regarda beaucoup la pauvre enfant, et son humiliation fut un intérêt de curiosité pour toute l’assistance. La Boc prenait des airs d’hermine effarouchée en passant auprès de Lucie. Ne trouvant autour d’elle ni sagesse ni bonté, la jeune fille, silencieuse et calme, se repliait en elle-même et pensait à Michel.

Éloignés du cercle des Bourdon, M. et Mme Bertin eussent été plus simples. Mais comment oublier à ce foyer de splendeur l’illustration de la famille ? Souvent donc, les lundis surtout, éclataient de vives tempêtes contre la pauvre Lucie. Elle ne répondait rien. C’était assez dire : je persiste et j’attends.

L’époque du mariage d’Aurélie, fixée au 20 septembre, s’approchait. La famille Bertin ne pouvait être en état d’y assister que par les cadeaux des Bourdon. Aurélie fit donc présent à chacune de ses cousines d’une robe de soie grise unie. M. Bourdon offrit à Mme Bertin une robe de