tretenir des courtisanes, que d’épargner pour sa famille ou pour soi-même.
— Allons ! allons ! dit M. Bertin, nous ne savons pas ce qu’il fait. Après tout, c’est de l’argent à lui. Voyons, ma femme, je voudrais pourtant savoir combien tu rapportes ?
— Voilà, dit-elle en remettant la bourse à son mari. Je n’ai fait que les emplettes indispensables.
— 235 francs ! Comme ça, quand nous aurons payé Mourillon, il ne nous restera que 10 francs. ! Du diable m’emporte si je sais avec quoi nous achèterons du blé cet hiver !… Combien t’aurait-on donné de plus, ma femme, si, au lieu d’engager les couverts, tu les avais vendus ?
— Cent francs, répondit-elle.
— Ma foi, tu aurais mieux fait…
— Les vendre ! les vendre ! s’écria Mme Bertin en pleurant. Des couverts d’argent, marqués au chiffre des Talambin et des Bourdon, un héritage de famille ! Tu es bien cruel, Fortuné. — Hélas ! quand mon grand-père et tes parents achetaient cette argenterie, ils ne se doutaient guère qu’un jour leurs enfants seraient réduits à la désastreuse extrémité de mettre en gage ces marques respectables d’une opulente fortune ! Les arrêts du destin…
— Il y en a de plus huppés que nous qui en voient de plus dures. Tiens, interrompit M. Bertin, avant-hier, on a tout saisi à Parmaillan, meubles et immeubles, et le vieux comte avec sa fille va être mis à la porte de chez lui.
— Est-il possible ! dit-elle en levant les mains au ciel.
— Ce sera un rude coup pour Émile, observa Clarisse qui essayait les gants et faisait jouer les rubans à la lumière.