Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/416

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— Pauvre garçon ! dit M. Bertin. Eh bien, je suis sûr que Bourdon consentirait pourtant au mariage. Il a toujours été entiché de noblesse.

Mlle de Parmaillan n’y consentirait pas, dit Lucie.

— Laisse-nous donc tranquilles avec ta demoiselle de Parmaillan, s’écria M. Bertin. Elle n’a pas le sens commun !

— C’est bien mon avis, répondit Lucie en regardant son père.

Il fit un bond sur sa chaise.

— Ah ! tu veux me prendre au piége ! s’écria-t-il. Je te vois venir avec tes raisons, misérable effrontée ! Le plus grand de nos malheurs, c’est d’avoir une fille qui nous déshonore ; puisqu’il te faut un homme, il fallait prendre Gorin.

— Mon père, dit-elle en se levant toute pâle, j’exige que vous me respectiez !

— Tu exiges ! tu exiges ! Elle est folle ! disait-il en s’efforçant de rire aux éclats.

— Oui, je l’exige, répéta-t-elle. Ne m’insultez plus ! Si vous ne me connaissez pas, vous n’êtes pas mon père, et je quitterai votre maison !

Ses yeux se voilèrent, ses lèvres blanchirent ; elle ne put se soutenir et glissa sur le plancher.

— Ma fille ! ma fille ! s’écria la mère éperdue en se jetant sur Lucie. Je ne souffrirai pas que tu me la tues, Fortuné !

Le père, tremblant, porta Lucie dans l’alcôve, sur un lit. Il balbutiait : c’est ma faute ! je suis un imbécile ! Et quand il vit que Lucie reprenait couleur, il s’enfuit.

En ouvrant les yeux, Lucie vit entre sa sœur et sa mère la figure d’Émile, son cousin.

— Émile, dit-elle, ah ! pauvre Émile ! tu souffres, toi aussi !