Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/438

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XIX


Clarisse fut alitée pendant huit jours. Elle n’a pas été raisonnable, elle a trop dansé, disait sa mère.

— Eh ! ce n’est pas cela, répondait la pauvre fille qu’une fête eût encore ranimée. Ses yeux devenaient de plus en plus caves et brillants, sa maigreur était effrayante. M. Jaccarty venait de temps en temps ; il palpait le pouls de Clarisse, l’interrogeait assez légèrement, causait d’autre chose et s’en allait.

— Il ne faut pas la tourmenter, disait-il. Donnez-lui de bon bouillon gras, du vin vieux, et laissons faire la nature.

Il n’y eut bientôt plus de poules dans la cour des Bertin. Le vin rouge était fini ; on n’osait plus en demander d’autre chez M. Bourdon. La triste malade, qui sentait la vie lui échapper, avait des regards d’une amertume inexprimable quand, au lieu des cordiaux dont son estomac affaibli avait besoin, elle ne voyait devant elle que des aliments lourds et grossiers. Un soir qu’elle s’était couchée sans vouloir souper, Mme  Bertin dit à Lucie : Viens avec moi, prends ton châle et partons. Elles laissèrent M. Bertin assoupi dans son fauteuil et sortirent.