Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/70

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— N’en croyez pas de mal, Gavel, car elle vous trouve charmant, dit M. Bourdon, qui entrait. Bonjour, mesdames.

Il serra la main de Mme  Bertin, embrassa Clarisse du bout des lèvres, et déposa sur les joues de Lucie deux baisers fort tendres.

— Eh bien ! poursuivit-il, où donc est Bertin ? Je ne l’ai point rencontré sur la place où il cause tous les dimanches pendant la messe avec de vieux incrédules comme lui. Pourquoi n’as-tu pas converti ce père-là, ma petite Lucie ?

— Je ne l’essayerai point, répondit-elle en souriant ; je trouve mon père bien comme il est.

— Voilà une fille parfaite ! Mon cher Gavel, vous venez de faire connaissance avec ces dames ; je vous présenterai ce soir à M. Bertin… Ah ! le facteur a passé. Voilà des lettres et des journaux qui m’attendent. Vous m’excuserez, mesdames, n’est-ce pas ?

Et il se mit à décacheter et à lire, tout en jetant çà et là quelques paroles dans la conversation.

— Notre chemin passera, Gavel, voici une lettre qui me l’annonce. Elle est de notre respectable député au conseil général.

— Bien respectable ! dit ironiquement Gavel.

— Bah ! laissez-le donc. Après tout, ce n’est pas à nous d’en médire.

— C’est qu’il occupe votre place.

— Pas du tout, mon cher, c’est moi qui occupe la sienne, répliqua M. Bourdon à demi-voix. Ne savez-vous pas que régner et gouverner sont deux en ce temps-ci ? Mais c’est bien le diable, si l’on s’en tire longtemps au train dont on va. Guizot tranche du Polignac. Avez-vous lu la dernière séance ? Ils iront comme cela jusqu’à la fin.