Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/71

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— jusqu’à la fin des siècles, répondit en souriant l’ingénieur : que voulez-vous qui puisse remplacer l’ordre de choses actuel ?

— Oh ! je ne veux rien, moi, que l’ordre et la stabilité, je vous jure ; et tant que la dynastie d’Orléans en sera la sauvegarde, je voterais pour elle, si j’étais député. Mais il faut être bien habile, quand on ne s’appuie pas sur un principe ; oui, mon cher, bien habile ! et les doctrinaires ne le sont pas. Qu’en dis-tu, ma belle ? demanda-t-il à Lucie.

— Hélas ! mon oncle, je n’en sais rien.

— Je le crois, tu es trop gentille pour cela. Mais voici pourtant un journal qui vous intéressera, mesdemoiselles ; ton journal, ma fille, que je te demande pardon de ne pas avoir découvert plus tôt parmi ces brochures. C’est un bulletin des lois qui n’excitera pas d’opposition, et qui ne vous donnera que des heures agréables. Vraiment, il n’y a que les femmes d’heureuses en ce monde !

— Fais-nous le croire, dit Mme  Bourdon.

— Certainement, puisque votre ambition est d’être aimées, et que vous êtes les plus aimables. N’est-ce pas, ma fille ?

— Ce n’est pas à moi qu’il appartient d’en décider, répondit Aurélie en minaudant. Voulez-vous que nous examinions mon journal ensemble, mes chères ? dit-elle ensuite en s’adressant à ses cousines.

Elles s’assirent toutes les trois autour d’une table ronde chargée de livres et d’albums, où elles s’extasièrent à demi-voix sur les nouveaux costumes et les beaux patrons de broderies.

— Connaissez-vous la famille du maire ? reprit Mme  Bourdon en s’adressant à Gavel. Nous aurons ces dames ce soir.

Son visage souriant éclatait d’ironie.