Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/92

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bile et les yeux fixes, pleurait de grosses larmes qui roulaient de ses joues sur son tablier.

— Lisa ! s’écria Lucie, qu’as-tu, ma pauvre enfant ? Dis-moi, que t’est-il arrivé ?

S’arrachant avec peine à son triste rêve, Lisa regarda Lucie, et dit plusieurs fois en secouant la tête :

— Ça n’est rien, mam’zelle, ça n’est rien.

— Mais non, ce n’est pas possible, reprit Lucie ; puisque tu pleures, c’est que tu as du chagrin ; dis-moi ce que c’est, pour que je puisse te consoler.

— Ça ne se peut pas, répondit la petite. Laissez-moi, s’il vous plaît.

N’en pouvant tirer autre chose, Lucie poursuivit son chemin.

Elle trouva son oncle à la ferme.

— Te voilà, ma belle, dit-il en l’embrassant. Tu viens acheter quelque poule ou quelque fromage ?

— Non, mon oncle, je viens pour parler à Mourillon.

— Hé ! Mourillon, viens vite. Voilà une belle visite pour toi.

Mourillon s’avança, la main à son bonnet de coton. Mais quand Lucie eut formulé sa demande, il devint un peu rogue, allégua son propre ouvrage, et dit que M. Bertin ferait bien de chercher un autre laboureur.

— En ce cas, vous auriez dû nous le dire plus tôt, répliqua la jeune fille, car nos semailles devraient être faites déjà.

— Ne t’inquiète pas, dit M. Bourdon, Mourillon est un finaud qui aime à se faire prier ; mais il compte bien faire votre labour, et je parie qu’il ira dès demain.

— Pourtant, not’ maît’, objecta Mourillon.

— Eh bien ! je vous remercie, mon oncle, dit Lucie.

Et tout aussitôt, entendant crier le jeune enfant de la