Page:Leo - Une vieille fille.pdf/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

troublé en présence de Pauline, n’était pas tourmenté de l’absence, comme sont les amoureux. Il trouvait cette jeune fille sincèrement charmante, et soupirait en se disant qu’il ne pouvait lui parler d’amour. Mais il goûtait tant de charme dans la société de Marie, que, près de celle-ci, l’amitié le possédait tout entier. Elle avait non-seulement une grande élévation d’esprit et un jugement supérieur ; mais on sentait mêlée à cela une sensibilité profonde qui ne s’en séparait jamais. Son âme était une, et cela lui donnait une force pénétrante, à laquelle ajoutait cette originalité, que jamais elle n’imaginait de tirer d’ailleurs que d’elle-même ce qu’elle pensait et ce qu’elle disait. Elle n’avait cependant pas d’idées excentriques, ni même bien audacieuses, quoique son sentiment fût d’une extrême délicatesse ; mais parce qu’elle sentait par elle-même et, pour ainsi dire, à nouveau, elle habillait d’expressions neuves les idées les plus ordinaires, ou découvrait entre les choses de nouveaux rapports.