Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/109

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préfet maritime, qui, tout habillé de blanc, n'hésitait pas à se mettre à l'eau, pour pousser les embarcations vers la terre et faciliter l'embarquement de ses hommes. J'avais remarqué le même dévouement, au Dahomey, chez le lieutenant de vaisseau Simon, chez les officiers de l'Opale et chez ceux du Corail. Tout soldat aime à se souvenir de faits de ce genre, qui lui montrent ses chefs mettant la main à la pâte et donnant avec lui le coup de collier.

En ville, toutes les portes et fenêtres sont fermées. Il est probable que les habitants craignent le pillage. Les Indiens sont au pas de leur porte, et semblent monter la garde devant leurs maisons. Le matériel sanitaire vient d'arriver ; le nombre des malades est déjà considérable. Le climat de Marovoay étant très malsain, tout le monde souffre de la fièvre ; nos quatre blessés, ainsi qu'un certain nombre des malades, sont évacués sur Majunga.

Au fort, dans les pièces qu'occupait le gouverneur hova, nous trouvâmes des costumes d'homme et de femme à la mode européenne, des journaux illustrés anglais, et... je vous le donne en mille ! des portraits de Sarah Bernhardt, Jane Hading, Segond-Weber, Jeanne Granier et d'autres étoiles parisiennes.

Le lendemain matin, nous partîmes en reconnaissance vers Ankaboka. Le général Metzinger et le colonel Oudri prirent place avec nous sur la canonnière. En cours de route, le général faillit tomber à l'eau.

Vers le soir, on nous fit débarquer pour passer la nuit à terre. La brousse remplaçait les maisons, et les moustiques tenaient lieu d'habitants. Nous fûmes occupés jusqu'au matin à faucher les hautes herbes et à allumer des feux pour chasser ces détestables insectes. Ce fut une des nuits de cette campagne les plus pénibles pour moi. J'ai connu bien des endroits où les moustiques pullulent, mais aucun ne peut soutenir la comparaison avec les rives de la Betsiboka. C'est, comme on dit aujourd'hui... un record. Nous ne pouvions rester