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pas seulement des devoirs aux chefs militaires et aux autorités territoriales. Distribuées à tous et à la portée de tous, elles s’adressaient, sous forme de conseils pratiques, aux sous-officiers, caporaux, et aux simples soldats eux-mêmes. Elles étaient pour tous « l’école du bon sens » et, dans nos campagnes coloniales, le bon sens procure souvent, mieux qu’un feu de salve ou une rafale de batterie, le résultat qu’on cherche à obtenir.

On se souvenait aussi de vos tournées d’inspection où, partageant la table et le modeste menu du chef de poste, vous apportiez toujours la bonne parole, celle qui faisait cesser les conflits et tranchait toutes les difficultés pendantes.

Dans des entretiens familiers et simples, vous expliquiez le traitement à appliquer aux indigènes : frapper fort sur les irréductibles, tendre la main aux timides et aux timorés, traiter avec bienveillance les ralliés sincères et ne rien négliger pour affermir leurs bonnes dispositions et leur fidélité. Et, dans ces régions lointaines où l’imprévu règne en maître, vous arriviez à créer chez tous cette conviction que le soldat doit toujours avoir l’œil ouvert, ne s’étonner de rien et être prêt à tout.

Puis, en demandant à chacun ses idées, vous forciez les plus novices à en avoir. On se le disait et on se mettait en mesure de répondre à toutes vos questions sur le pays et ses ressources, sur les rapports avec les indigènes et, enfin, sur les moyens de faire tout concourir au succès.