Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/187

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réunir pour nous adresser ses félicitations. Enfin, après notre victoire, nous commencions à jouir d’un peu de tranquillité. Dans nos reconnaissances, nous lancions des proclamations pour le maintien de la paix et pour engager la population à venir à nous avec confiance. Toutefois, pour plus de sûreté, nous établissions des avant-postes, car nous connaissions les Chinois, aussi bien par la guerre du Tonkin que par ce que nous venions d’éprouver nous-mêmes.

Pour l’exemple, le village où nos deux officiers avaient été assassinés fut bombardé le 23 novembre et complètement détruit.

Enfin, après quatorze mois d’un pénible labeur, aussi bien du côté des marins que de l’infanterie de marine, on arriva à établir la délimitation du territoire qu’on appelle « possession française dans la Chine méridionale ». À cet effet, l’amiral et le maréchal Sou se rendirent en chaises à porteurs et en grande pompe à Ché-Cam, où une parade officielle devait avoir lieu. Bien qu’il y eût déjà deux compagnies dans la ville et que nous fussions sur le point de partir pour aller créer et occuper un nouveau poste sur la rive gauche, l’amiral décida que la compagnie Maîtret assisterait à cette parade en tenue blanche, tandis que les autres compagnies prendraient la tenue de route. Devant le maréchal chinois, l’amiral serra cordialement la main du capitaine et, avec un bon sourire, nous dit à haute voix : « Mes amis, je vous accorde une ration de vin ; vous l’avez bien gagnée. »

Arrivés devant Ché-Cam, on nous fit mettre baïonnette au canon et entourer complètement le maréchal qui était notre hôte et dont nous étions responsables. On envoya également des patrouilles dans toutes les directions, car on savait qu’il régnait encore une certaine animosité contre lui et l’on craignait une démonstration hostile des indigènes.

En sortant de Ché-Cam, nous marchâmes dans la direction de Phu-Kien où nous avions reçu les premiers