Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/202

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dans tout le nord du Petchili, et que des forces chinoises importantes se dirigeaient sur Chung-Liang-Cheng, entre Takou et Tien-Tsin. Des troupes chinoises occupaient déjà les forts de Takou. Ceux-ci barrant le Peï-ho y rendaient la navigation impossible. Dans ces circonstances critiques, il devenait indispensable de recourir à des mesures extrêmes.

Les amiraux tinrent un conseil à Takou et décidèrent de s’emparer des ouvrages par un coup de force, sans consulter leurs gouvernements. Ils envoyèrent au commandant des forts chinois une sommation l’informant que s’il ne se rendait pas immédiatement, le bombardement commencerait à deux heures du matin. Les Chinois n’attendirent même pas ce délai. A une heure du matin, ils ouvrirent eux-mêmes le feu sur les canonnières stationnées à proximité des ouvrages. Celles-ci étaient peu protégées et insuffisamment armées. Elles réussirent cependant à éteindre le feu de l’ennemi et, à sept heures du matin, leurs compagnies de débarquement enlevèrent les forts auxquels le bombardement avait déjà causé des pertes et des dégâts très sensibles.

A cet acte de vigueur, le gouvernement chinois répondit en signifiant le 19 juin aux membres des légations d’avoir à quitter Pékin dans les vingt-quatre heures, et en lançant un édit prescrivant de mettre à mort les étrangers dans tout l’Empire. Ce fut le signal officiel de massacres d’Européens qui eurent lieu au Chan-si, au Hou-Nan, au Hou-pé, etc..

À Pékin, le ministre d’Allemagne, le baron de Kettler, qui s’était rendu le 21 juin au matin au Tsong-Li-Yamen (ministère des affaires étrangères) pour obtenir une explication du gouvernement chinois, fut assassiné dans la rue par des soldats tartares ; quelques heures après, commença le siège des légations et de la mission française du Pé-Tang. Siège mémorable et tragique, soutenu par une garnison de quatre cent neuf combattants de toutes nations (sur