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qui manœuvraient indépendamment, de deux batteries et deux bataillons japonais, de six compagnies américaines, d’une batterie et d’un bataillon anglais, de deux batteries et de deux bataillons français. Chaque troupe était commandée par son commandant supérieur, mais les différents mouvements étaient exécutés en même temps.

Pendant toute la journée, les troupes alliées furent en contact avec l’ennemi, mais durent ménager leurs munitions. Le feu des Chinois était si intense qu’il n’était pas possible de relever les morts et de faire des ravitaillements ; néanmoins, les soldats français restèrent parfaits de calme et de sang-froid. Le soir de cette rude journée, le bataillon du commandant Feldmann avait seize tués et cinquante-cinq blessés. Sur ces entrefaites, une compagnie japonaise avait pu se glisser dans la nuit, de maison en maison, et atteindre ainsi le pied des remparts. Elle parvint à faire sauter la porte sud ; aussitôt, les Japonais et le bataillon Feldmann s’élancèrent en avant, à la baïonnette, et pénétrèrent dans la ville murée. Les autres points de la défense tombèrent du même coup au pouvoir des alliés.

Ce succès décisif était dû pour une large part à l’entrain et à la ténacité des soldats français et japonais auxquels avait incombé la tâche la plus rude et la plus périlleuse. Il était dû aussi en partie au mouvement exécuté à l’est du Peï-ho par les troupes russes du général Stoessel, renforcées par un détachement allemand qui avait réussi à faire sauter le dépôt de munitions d’un des forts chinois. Les troupes internationales avaient plus de huit cents hommes hors de combat, mais on était maître de Tien-Tsin, de ses forts, de ses arsenaux et d’un matériel de guerre considérable. A la suite d’une entente établie le 15 juillet, un gouvernement provisoire fut installé dans la ville pour assurer l’administration de cette grande cité, en l’absence d’autorités indigènes.