Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/207

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défaut ; les troupes manquaient de vivres ; en résumé, cette marche forcée fut extrêmement pénible pour tout le monde.

Le 13 août, une réunion des généraux eut lieu à Tong-Tchéou, et le soir même à trois heures les Japonais se portaient sur la route dallée de Pékin. Ils devaient entrer en ville par la porte est pendant que les Russes porteraient leur effort sur la porte nord-est. Les Anglais et Américains bivouaquèrent à 4 kilomètres sur la route de la rive sud du canal. Les Français suivirent la rive nord jusqu’au pont de Palikao qu’ils franchirent et prirent ensuite la route voisine de la rive sud. Ils traversèrent le bivouac des troupes américaines vers cinq heures du soir. C’est là que le général Frey apprit que les Russes, avec lesquels il combinait son mouvement pour entrer dans Pékin, campaient à 3 ou 4 kilomètres de la ville. il partit aussitôt pour les rejoindre.

Les tentatives faites par les colonnes japonaise et russe pour entrer à Pékin par les portes est et nord avaient échoué, tandis que les Anglais et Américains étaient parvenus à s’introduire sans coup férir dans la capitale chinoise. Ce furent les Indiens anglais qui arrivèrent les premiers, vers trois heures du soir, aux légations.

D’après de nouveaux ordres, la colonne française suivait l’itinéraire des Russes et des Japonais. Elle gagnait dans la nuit la porte Ha-Ta-Men et à quatre heures du matin allait camper au milieu des ruines de la légation de France. Il fut alors décidé qu’elle irait dégager au plus vite la mission catholique du Pé-Tang, où Mgr Favier avec une poignée de marins, de missionnaires et quelques centaines de chrétiens était assiégé depuis deux mois. Le général Frey s’entendit à ce sujet avec M. Pichon, notre ministre de France. Il fut convenu qu’on bombarderait d’abord, à titre de représailles, la ville impériale que les réguliers chinois occupaient toujours. Mais, sur la demande du général