Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/208

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américain, qui craignait le danger pour ses troupes installées dans le quartier voisin du palais, le bombardement fut interrompu et l’opération pour dégager la mission remise au lendemain.

Le 15, la colonne française n’étant pas suffisament forte, les généraux alliés décidèrent qu’un peloton de cosaques, un bataillon russe et un bataillon anglais seraient mis à la disposition du général Frey. La colonne ainsi constituée, à laquelle vint se joindre M. Pichon avec une partie du personnel de la légation de France, se réunit donc le 16 au matin entre la porte sud et la porte de Tsien-Men ; à huit heures le feu fut brusquement ouvert par notre artillerie à une distance de quatre cents mètres et par les marsouins qui s’étaient glissés à travers les maisons. L’artillerie anglaise appuyait l’action. Après une courte résistance, les Chinois évacuèrent précipitamment la position, laissant entre nos mains une quarantaine de bouches à feu de tout calibre. Les Japonais qui venaient également à notre secours escaladèrent le mur de la ville impériale et réussirent à ouvrir un battant de la porte, mais sans pouvoir aller au delà. Les missionnaires parvinrent à se mettre en relation, au nord de cette porte, avec des fractions de l’infanterie de marine et purent faire prévenir le général Frey que l’ennemi avait dégarni le nord du Pé-Tang, mais se portait en masse vers Si-Hoa-Men. Aussitôt, le général fit diriger deux compagnies de ce côté et, grâce aux échelles placées par les chrétiens sur le mur, le capitaine Marty put pénétrer dans l’enceinte de la mission avec un certain nombre d’hommes et prendre ainsi à revers les positions des Chinois. Cette initiative permit de s’emparer de la première barricade. Alors l’artillerie déblaya l’avenue menant à la ville interdite, puis Français et Russes poursuivirent les Chinois de maison en maison et s’emparèrent de la deuxième barricade, tandis que les Japonais rejetaient l’ennemi dans la direction du vieux Pé-Tang.