qui sentait l’habitude du far-niente. Enfin les gradés faisaient... comment dirai-je ? trop de volume. La manœuvre de la cavalerie russe que j’ai eu également l’occasion de voir à Pékin, ressemblait beaucoup à une fantasia arabe ; mais la propreté des armes, des chevaux et du harnachement laissait beaucoup à désirer.
Qui de nous aurait cru, un an seulement avant la guerre de Chine, que des soldats français pourraient être les convives de soldats allemands et choqueraient leurs verres avec eux ? C’est cependant ce qui arriva à la porte principale de Pékin où nous étions de garde. Ils nous invitèrent à leur table où nous fîmes, pour la première fois en Chine, un repas relativement copieux. Je suis obligé de leur rendre cette justice que, pendant cette pénible campagne, ils ont souvent saisi les occasions de nous être agréables.
On avait en Chine une assez mauvaise opinion de l’infanterie américaine, car on savait que les hommes n’y servaient que pour l’argent. Les soldats des nations alliées ne parlaient d’eux qu’en les appelant « les mercenaires », surtout depuis qu’on avait appris par un ordre du général américain Chaffee que plusieurs d’entre eux avaient déserté en Chine. Un soldat espagnol qui avait vécu en Amérique me disait qu’ils en agissent de même dans l’Amérique du Sud, dès que la bonne chère commence à leur manquer.
L’allure des hommes de l’infanterie anglaise les faisait ressembler beaucoup à de grandes poupées mécaniques et prêtait passablement à rire. De tous les soldats présents en Chine, l’Anglais m’a paru de beaucoup le moins sympathique. Chez lui, pas de camaraderie et par contre, de la raideur et de la morgue. Il ne parlait que rarement aux soldats des autres nations. Un jour, que nous étions de garde avec des Anglais, je demandai à l’un d’eux de me prêter son seau en toile pour aller tirer de l’eau au puits. Il fit d’abord la sourde oreille et lorsque je lui répétai ma demande, il esquissa une grimace sans répondre un mot. Puis,