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cette terrible maladie. La cérémonie funèbre eut lieu dans une pagode des Tombeaux impériaux, célébrée par notre aumônier. Le catafalque et les candélabres en or qui avaient servi jadis pour les obsèques des empereurs ou des princes furent employés pour celles de notre pauvre camarade.

Sur l'indication d'un de nos missionnaires, parfaitement renseigné, nous avions découvert dans les tombeaux de Chan-Ling trente caisses qui contenaient de l'orfèverie et de l'argenterie d'une valeur estimée à 100 000 francs. Ces caisses étaient enterrées au milieu de la pagode et recouvertes de pierres.

Cette prise fut envoyée sous bonne escorte à Pékin.

Le 14 novembre, un convoi venu de Pékin nous annonça que les troupes de l'arrière touchaient les effets d'hiver envoyés par la métropole ; ils se composaient de bérets, capuchons, bas et chaussettes de laine, gants, peaux de mouton, passe-montagnes et cache-nez. En Chine, comme dans toutes mes autres expéditions, ce furent encore les troupes de l'arrière qui profitèrent le plus de toutes les fournitures et de toutes les douceurs que la métropole faisait parvenir au corps expéditionnaire. Trop souvent, ceux qui triment à l'avant entendent bien parler de ces envois, mais n'en connaissent jamais la couleur ; c'est ce qui nous est arrivé maintes fois pour les pommes de terre, le papier à lettres et beaucoup d'autres choses encore. J'ai pensé aussi que ces effets d'hiver, dont le besoin cependant se faisait grandement sentir, nous parviendraient peut-être avec un léger retard, pour la période des chaleurs, par exemple... En attendant, le thermomètre baissait de jour en jour. Le froid était devenu insupportable dans nos misérables cases, où les vents pénétraient partout et crevaient aux fenêtres les carreaux de papier qui remplaçaient les verres à vitre. Pas de bois pour nous chauffer ; et pendant ce temps, ceux de l'arrière habitaient des palais hermétiquement clos, où des fourneaux bourrés de charbon