à plus de 1 000 kilomètres de Pékin, et bien que la commission internationale de la paix eût formellement exigé son retour dans la capitale, elle persista à ne pas vouloir quitter la ville où elle s'était retirée. D'aucuns disaient que c'était sur le conseil même de Li-Hung-Tchang. Tout cela semblait bien louche, et il était évident que les Chinois, devant le désaccord des nations alliées, se moquaient résolument de tout le monde. En fait, d'où venait ce désaccord ? De la presse d'Occident, disait-on, qui blâmait les exigences de nos commissaires. Ceux-ci n'étant pas les premiers venus savaient fort bien que les Chinois ne sont jamais embarrassés par les clauses d'un traité. Dans sa retraite de Sin-Ngan-Fou, la cour devait bien rire à l'avance de notre crédulité, quand elle annonçait qu'elle destituait ses hauts fonctionnaires pour nous donner satisfaction. Elle se disait qu'une fois de plus on mordrait à l'hameçon et qu'il suffirait pour cela qu'à Londres, Vienne, Paris et Berlin on envoyât quelques Chinois retors raconter des balivernes aux journalistes et distribuer des sourires aux diplomates. C'est le cas de le répéter une fois de plus : quand un Chinois sourit, méfions-nous !
Je reviens à ma journée de Noël. Depuis vingt-quatre heures la neige tombait. La prophétie de notre aumônier s'était accomplie et le thermomètre était à 23 degrés au-dessous de zéro.
Sur ces entrefaites, parut un ordre du jour dans lequel le général en chef citait : le général Bailloud, le lieutenant-colonel Drude, le sous-lieutenant Davout d'Auerstaedt, ainsi que plusieurs autres militaires. Parmi ces citations, figuraient un M. X..., directeur des chemins de fer en Chine, et un M. Y..., journaliste. — Pourquoi ? — Pour avoir « suivi les opérations ». Je m'incline, mais beaucoup de camarades disaient à ce propos que « suivre les opérations » ne devrait pas rapporter plus que de les exécuter. En revanche les citations du lieutenant-colonel Drude qui fut mon capitaine au Dahomey et sous les ordres duquel j'ai