Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/263

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des dépêches contradictoires. Les unes nous ordonnaient de quitter les Tombeaux ; les autres nous enjoignaient d'y rester jusqu'à nouvel ordre. Sûrement, il se préparait quelque chose.

Selon l'avis du service médical, les troupes devaient évacuer Pékin au commencement du mois de mars et se concentrer entre Chou-Chéou et Si-Ling, en prévision de la peste qui, disaient les médecins, devait inévitablement éclater au printemps. En outre, le courrier de Pékin nous apprit qu'un conflit assez grave avait éclaté entre Anglais et Russes au sujet d'une concession dont ceux-ci avaient pris possession à Tien-Tsin. Les Russes ne semblaient d'ailleurs aucunement se soucier des cris poussés par les Anglais et continuaient à élever tranquillement des constructions sur le terrain en litige.

A Tien-Tsin, une véritable bataille s'était engagée aussi entre Anglais, Français et Allemands. Les Allemands étaient du côté des Français. Un officier anglais s'en était mêlé. Mal lui en prit, car il reçut un coup de sabre d'un Allemand. Le général Bailloud fut chargé de procéder à une enquête. Partout surgissaient des complications, et cela au moment même où tout le monde parlait de la paix. A propos de cette bagarre entre soldats à Tien-Tsin, j'avais souvent constaté, et cela avec un réel plaisir, qu'une véritable camaraderie existait malgré tout entre les soldats de toutes les nations, excepté avec les Anglais et les Américains. Personnellement, je n'avais aucun grief contre eux mais les soldats de ces deux nations se montraient égoïstes, insolents, sottement orgueilleux ; ils avaient vite réussi à indisposer tout le monde. Leur langage arrogant et hautain prenait des tons méprisants que personne n'était d'humeur à supporter. Ils montraient, cela va de soi, une excessive mauvaise volonté à rendre service. J'avais constaté aussi que les Anglais et les Américains avaient été les premiers à regimber contre le maintien du bon ordre. Mais parfois ils