Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec nos voisins allemands. Un jour, leur chef de détachement nous invita à dîner. Les soldats allemands rivalisèrent de zèle pour organiser cette réception. Au dessert, ils nous servirent du champagne et nous portèrent un toast en assez bon français : « J'espère, nous dit le chef de détachement, que la campagne de Chine aura sur les relations entre l'Allemagne et la France une heureuse influence et je le désire ardemment. » Puis, se tournant vers ses hommes, il leur dit en allemand : « Quand nous rentrerons en Allemagne, nous dirons à nos parents que nous avons vu l'armée française de près ; qu'elle est pleine de bravoure, d'endurance et de loyauté ; que le Français est généreux et sait vivre en bonne harmonie avec tous les peuples ; qu'en Chine les soldats de toutes les nations aimaient les Français et recherchaient leur camaraderie. Oui, s'écria-t-il, nous dirons à nos parents que les Français sont dignes du respect de tous. » Il est vrai aussi qu'à Takou, Tien-Tsin, Pékin, Pao-Ting-Fou et en colonne, les soldats des nations alliées liaient beaucoup plus volontiers connaissance avec nous qu'avec les troupiers des autres pays. On nous trouvait plus d'entrain et de gaieté et toujours le mot pour rire sur les lèvres. En marche, nos soldats aimaient à aider tout le monde, sans distinction de nation. Quand un mulet tombait avec sa charge, lorsqu'une voiture se cassait, ou que tout autre accident de route se produisait, les Français étaient toujours là pour offrir spontanément un coup de main.

Le 1er mai, on nous communiqua un télégramme venant d'Allemagne et signé de Guillaume II, qui contenait la phrase suivante : « J'exprime aux troupes françaises ayant combattu l'incendie du palais du maréchal de Waldersee mes sincères remerciements pour le courage et le dévouement qu'elles ont montrés à cette occasion. »

Le 2 mai, reconnaissance de nuit (Français et Allemands sous les ordres de notre capitaine). Une bande