Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/287

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que les militaires stationnés dans les grands centres où on pouvait facilement se procurer tout, étaient les seuls à bénéficier des envois des Dames de France. J'ai, par curiosité, demandé aux camarades des zouaves, du génie, de l'artillerie et d'autres troupes de l'avant s'ils avaient été plus heureux que nous ; ils m'ont tous répondu négativement.

Les troupes qui ont eu le plus d'engagements furent celles de la nation allemande. Sur la route de Pékin jusqu'à la Grande Muraille, ses détachements ont usé sans restriction de la plénitude des droits de la guerre. Dans chaque localité importante, ils exigeaient catégoriquement et sans discussion possible, des vivres, des moyens de transport et de l'argent. Les autorités chinoises se mettaient en quatre pour tout leur fournir, car quelques exemples avaient montré ce qui les attendait en cas de refus. Aussi, les Chinois éprouvaient-ils un véritable malaise lorsqu'on leur annonçait les Allemands. Les Anglais affectaient de ne pas prendre part directement aux combats livrés par les troupes internationales. Mais une fois l'affaire terminée, ils apparaissaient subitement, avec un large pavillon britannique et le hissaient bien en évidence au milieu des autres. Cette façon d'agir ne plaisait guère et on le leur fit sentir à diverses reprises. Cependant, il faut être juste et dire qu'au début des hostilités, surtout à Takou, les marins anglais se sont particulièrement distingués.

Les Italiens, après avoir participé à la colonne de Pao-Ting-Fou où ils n'ont joué qu'un rôle très effacé, sont rentrés à Pékin d'où ils n'ont plus bougé. L'impression générale était que l'Italie avait envoyé en Chine quelques milliers d'hommes uniquement dans le but d'étonner les autres puissances par les progrès les plus récents accomplis dans son armée. Je n'ai pas à dire si ce but a été réellement atteint.

Les Américains, les Japonais et les Russes n'ont, après la chute de Pékin, pris part à aucune opération.