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en novembre, car ils n’auraient pu résister à la température de l’hiver. Les coolies n’ont d’ailleurs pas servi à grand’chose. J’en ai vu maintes fois suivre la colonne, ne portant presque rien. À Pékin, on ne les a employés qu’à des besognes secondaires, telles que balayages ou corvées de cuisine, alors que les soldats européens portaient des sacs de riz pour la nourriture de ces mêmes coolies. Cette répartition tout de même un peu bizarre du travail, fut pour quelques-uns une bonne occasion de « ronchonner ».

Les soldats du génie ont rendu de réels services dans la reconstruction des voies ferrées. Ils y ont mis du zèle, de l’amour-propre et une véritable compétence. J’ignore comment le service sanitaire a fonctionné à l’arrière, mais à l’avant il était bien mal outillé. Les instruments pour couper bras et jambes abondaient, mais les médicaments manquaient souvent.

Que dire du service de ravitaillement ? — Dans son ordre général demandant des avis aux militaires compétents sur l’amélioration des différents services en campagne, le général en chef visait particulièrement les moyens de transport en colonne. J’ai bien réfléchi à la question et, quoi qu’on dise et qu’on fasse, ces moyens ont manqué et manqueront dans les campagnes coloniales de quelque importance. L’expérience de nos expéditions antérieures et de celle de Chine, celle-ci aussi bien pour nous que pour les autres nations, a amplement prouvé que ravitailler les troupes en colonne pour une longue période, constitue un problème qui n’a pas encore été et ne sera pas de sitôt résolu (excepté par les stratégistes en chambre). Mais il faut convenir cependant, et cela à l’honneur du général Voyron et de son état-major, que ce difficile service avait, dès le mois de novembre, beaucoup mieux fonctionné chez nous que chez certaines autres puissances. Il est vrai que nous profitions en cela de l’expérience de nos expéditions antérieures. Je remarquai enfin, avec déplaisir, et cela pour la première fois en campagne,