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des pluies torrentielles qui se prolongent parfois fort longtemps.

La monnaie du pays est le tical, pièce d'argent bosselée ; sa valeur est de 1 fr. 40 à 1 fr. 50. Les principales pièces subdivisionnaires sont le quart et le huitième de tical. Tout le commerce est entre les mains des Chinois immigrés qui montrent une supériorité marquée sur le Siamois. Le Chinois est un travailleur infatigable et ne prend de repos que huit ou dix jours au nouvel an. Il peine toute la journée et souvent tard dans la nuit. Il est économe, thésaurise et envoie tout son pécule à sa famille en Chine. La lutte pour la prépondérance commerciale ne lui a pas été difficile, car le Siamois, très paresseux, sans persévérance, sans esprit de suite, joueur, aimant ses aises, manque des qualités les plus nécessaires aux professions commerciales.

Le gouvernement siamois perçoit tous les trois ans, de tous les sujets chinois âgés de dix à soixante ans, une taxe fixe et par tête, indépendante de tous les autres impôts. Cette taxe, dite de séjour, qui les atteint par le seul fait qu'ils sont Chinois, est d'ailleurs adoptée dans toute l'Asie. En Cochinchine, par exemple, ils payent une taxe minimum de 33 fr. 75 par an. Au Siam, la taxe n'est que de 3 francs par an. Le Siamois est essentiellement indolent et ne s'occupe que pour vivre au jour le jour. Dès qu'il s'est assuré son riz et son poisson pour la journée, il se refuse à tout travail, même pour un salaire double.

Le roi de Siam possède une quarantaine de femmes réparties en deux catégories distinctes : celles qui sont par la naissance princesses de sang royal portent le titre de reines ; les autres sont chao, c'est-à-dire princesses, et chao-manda si elles deviennent mères. Quand un Européen appelé par le roi pénètre dans la partie privée du palais, il est accompagné de deux policiers féminins qui ne le quittent qu'à la sortie. Après la tombée de la nuit, le roi ne reçoit personne ; il s'en