Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

baraques en bois qui menaçaient de s’effondrer. L’ambulance était installée dans la plus vieille et la plus incommode de ces cases. Quand il pleuvait, les malades recevaient de l’eau comme en plein air. Je dois signaler en passant l’admirable dévouement du médecin-major de cette ambulance. A toute heure de la journée et plusieurs fois la nuit, il était auprès de ses malades, leur tenant conversation, leur donnant lui-même les potions et essayant par tous les moyens de les réconforter. Il étudiait avec soin les phases de chaque maladie. Un malade dormait-il, il marchait sur la pointe des pieds pour ne pas le réveiller. Il soignait avec le même empressement et gratuitement les indigènes du pays. Aussi était-il très aimé de ses soldats comme de la population siamoise. Ce cas d’ailleurs est loin d’être isolé et bien des fois ce dévouement des médecins des troupes coloniales a été pour moi un sujet de gratitude et d’admiration.

Au mois de juillet 1904, je quittai le Siam sans regret pour rentrer en Cochinchine, pays qui ne me souriait pas davantage. On m’avait en effet prévenu avant mon départ de France qu’un soldat de mon genre, n’ayant pas l’habitude de rester inactif, se trouverait plutôt malheureux dans cette colonie déjà vieille, où tout marche en vertu de la vitesse acquise. Dans cet ordre d’idées la réalité dépassa mes prévisions.