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Le principal objet de la culture est le riz, qui forme la base de l'alimentation indigène. On trouve à peu près partout le bambou et le palmier d'eau avec lequel les indigènes construisent leurs habitations. Des concessions de terres sont accordées aux Européens avec assez de facilité, mais la rareté de la main-d'œuvre rend souvent ces faveurs inutiles, car pour surmonter les difficultés de l'exploitation, l'Européen doit avoir recours à un intermédiaire indigène qu'il intéresse à l'entreprise.

La principale industrie est la décortication du riz. Plusieurs usines à vapeur fonctionnent à Saïgon. Une ligne de 72 kilomètres à voie étroite partant de Mytho dessert plusieurs villes importantes. Les autres communications interurbaines sont assurées par les messageries fluviales.

La Cochinchine est administrée par un lieutenant-gouverneur assisté d'un conseil privé. Un conseil colonial composé de seize membres, dont six indigènes, vote le budget et discute les questions d'intérêt général. Peu de villes de France possèdent un hôtel de préfecture comparable au palais du gouvernement, et un aussi beau jardin public. A quelques kilomètres de Saïgon, se trouve Cholon, dont la population presque entièrement asiatique est de cent vingt mille habitants (Chinois et Annamites).

Je n'avais pas, de prime abord, l'intention de parler ici de mon séjour en Cochinchine dont j'ai gardé un désagréable souvenir ; mais j'ai réfléchi que, quand même, je ne devais pas passer sous silence cette colonie qui a marqué le terme de ma carrière militaire.

Ailleurs, j'ai mené une vie bien plus pénible et subi bien des souffrances, et malgré cela c'est toujours avec plaisir et émotion que je me rappelle ces vicissitudes du passé. En Cochinchine au contraire, j'ai vécu comme un petit rentier dans un milieu et dans une oisiveté qui ne me convenaient guère. Tout m'y semblait nouveau et bizarre et certains faits m'ont tellement