Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/60

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traversé des petites villes et des villages que certains pays d’Europe pourraient prendre pour modèle. Arrivés à Oran, où une musique militaire nous attendait, on nous conduisit à la caserne des zouaves où notre dîner était préparé. Le lendemain, des Dames de France vinrent nous offrir des flacons d’alcool de menthe, du tabac et du savon. Ces provisions devaient nous rendre grand service pendant la traversée. Le soir, nous nous embarquions sur le Thibet et… vogue la galère vers l’inconnu.

À bord, nous fûmes parfaitement bien traités. Le commandant et le commissaire s’intéressaient à nous. Le médecin prodiguait ses soins aux hommes qui souffraient du mauvais état de la mer. Le soir, quand il plaisait à celle-ci d’être bien disposée, les soldats donnaient une représentation théâtrale toujours réussie. À Dakar (Sénégal), nous prîmes à bord des soldats sénégalais avec leurs femmes et enfants à destination du Dahomey. Le soldat sénégalais ne se déplace jamais sans sa femme, même en guerre. L’État en a probablement reconnu la nécessité puisqu’il supporte les frais de voyage. Enfin, nous arrivons en vue de Cotonou, et nous débarquons au wharf, construction en bois d’une longueur de 300 mètres environ, sur 4 ou 5 mètres de large et d’une solidité éprouvée. À côté de ce wharf, je faillis laisser la vie ; je raconterai plus loin cette aventure.