Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

librement consentis par vos représentants le 3 octobre 1890, en envahissant le territoire du protectorat français que vos troupes occupent encore aujourd'hui à Cotonou, à Zabbo et dans le Décamé.

« Je crois devoir vous rappeler les termes de l'article premier de l'arrangement du 3 octobre 1890 : « Le roi du Dahomey s'engage à respecter le protectorat du royaume de Porto-Novo et à s'abstenir de toute incursion sur les territoires faisant partie de ce protectorat. Il reconnaît à la France le droit d'occuper indéfiniment le territoire de Cotonou. » En conséquence des stipulations de la convention précitée, je vous prie dans votre intérêt : 1e de mettre en liberté et de renvoyer, soit à Cotonou, soit à Grand-Popo, les trois Français actuellement détenus à Ouidah ; 2e de retirer de Cotonou, de Zabbo, des rivages de la rive gauche de l'Ouémé, de Dogba, les postes qui s'y trouvent. J'espère que vous voudrez bien faire droit le plus tôt possible à mes justes revendications. Salut : Dodds. »

Cette lettre eut pour résultat la mise en liberté des trois Français, mais non le retrait des troupes réclamé par le colonel. Celui-ci réunit alors les principaux chefs du pays afin de déterminer les limites véritables du royaume de Porto-Novo. Entre temps, Behanzin envoyait au colonel des émissaires chargés de l'entretenir de questions absolument insignifiantes, de manière à gagner du temps. Le colonel n'en fut pas dupe. Il fit interroger très habilement ces envoyés, en flattant leur vanité et aussi un peu leur penchant pour l'alcool ; il sut ainsi avec certitude que Behanzin était excité contre nous par les conseils malveillants de certains commerçants étrangers, qui lui persuadaient que, depuis la guerre de 1870, nous étions incapables d'oser seulement résister à un aussi grand roi que lui ; qu’il disposait de 15 000 hommes de troupes régulières ; que la famine et la misère étaient extrêmes au Dahomey et qu'enfin le roi attendait un