Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/70

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dahoméenne, tachée de meurtres, de sang et d’autres abominations. Par une hardie et vigoureuse offensive, les quatre groupes se portèrent en avant. Dès le 26 et le 27, les lignes de Coto étaient enlevées. Le 2 novembre, on partait de Kotopa et, après avoir tourné la forte position de Wacon (palais du roi que celui-ci croyait imprenable), une lutte acharnée s’engageait. Le soir, l’ennemi était forcé d’évacuer le palais.

Le 3, au matin, Behanzin venait en personne lancer l’attaque contre notre bivouac. Ses hommes, suivant sa trace, se précipitèrent sur nos lignes avec cette folle audace que donnent le désespoir et l’ivresse. Mais après plus de quatre heures d’une lutte qu’il serait très difficile de décrire, ils durent se retirer, laissant le terrain jonché de cadavres et poursuivis, baïonnette dans les reins, jusqu’au réduit de Wacon qui fut enlevé d’assaut par le quatrième groupe (commandant Audéoud). La journée du 4 fut aussi des plus chaudes. On refoula l’ennemi sur la forte position de Diou-Koué et on l’en chassa ensuite, malgré sa résistance opiniâtre et désespérée.

Le roi, dont l’armée était anéantie, demanda la paix ; mais le colonel, qui communiquait à ses soldats toutes ses intentions, fit savoir qu’il la voulait honorable et profitable pour la France. Il faut croire que les offres du roi ne furent pas satisfaisantes, car on décida la marche sur Abomey, la capitale.

Dans son ordre du jour 4083, le colonel exprima aux troupes « toute la fierté qu’il éprouvait à commander à des hommes dont la valeur et le dévouement avaient permis de pousser jusqu’au pied des murs d’Abomey pour y dicter la paix à notre ennemi ».

Cependant, après ces très rudes journées, il jugea nécessaire de laisser un peu reposer les troupes. Il demanda de nouvelles instructions à Paris au sujet des négociations que Behanzin avait entamées avec lui. Il ne tarda pas à les recevoir et le même câblogramme, en date du 9 novembre, lui apporta sa nomination au