Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/71

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grade de général de brigade. À cette occasion, eut lieu à Cana une touchante manifestation de respectueuse sympathie des officiers de la colonne expéditionnaire, à laquelle assistaient le gouverneur Ballot et l'administrateur Fonssagrives.

Les opérations furent reprises. Les énormes fatigues et privations éprouvées n'empêchaient pas de marcher gaiement, et, le 17 novembre 1892, la capitale du Dahomey tombait entre nos mains. Le drapeau français y fut hissé, aux acclamations enthousiastes des soldats. On n'eut pas de combat à livrer ce jour-là, car Behanzin, avec son instinct sauvage, avait fait brûler presque toute la ville, y compris son propre palais, et avait déguerpi avec les quelques soldats et amazones qui lui restaient.

Le 18, on poussa une pointe sur Vindouté ; mais on ne trouva pas trace de l'ennemi, ce qui démontrait qu'il avait renoncé à la lutte. La prise d'Abomey était le couronnement de nos succès ; l'armée dahoméenne était anéantie. Le 20, le colonel (malgré sa nomination on l'appelait toujours : le colonel) communiquait au corps expéditionnaire la dépêche suivante du ministre de la guerre : « J'admire avec vous la valeur et le superbe entrain de vos troupes ; l'éloge que vous en faites est pour elles la première, et en reste la plus précieuse récompense. •

Le jour même de l'entrée à Abomey, le colonel adressa une proclamation aux Dahoméens pour leur annoncer que Behanzin était chassé de sa capitale, que son armée était détruite et sa puissance à jamais brisée, enfin que les intérêts du peuple dahoméen étaient désormais entre les mains de la France. « Ceux de vous, disait le colonel, qui, confiants dans la clémence du gouvernement français et dans ma parole, viendront franchement à moi, seront protégés dans leurs familles et dans leurs biens. Ils pourront en toute sécurité se livrer au commerce, aux travaux de culture et vivre en paix sans aucune inquiétude sous la protection de