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brassent, une dernière fois peut-être. Plusieurs se sont jetées à l’eau avec leurs enfants lorsque les jonques se sont mises en mouvement et durent être repêchées par les matelots.

Quant à notre ami Behanzin, on savait, par des indigènes à nous dévoués, qu’il était assez mal reçu par les Mahis qu’il avait autrefois pillés, et qu’il cherchait à se réfugier à Lagos chez les Anglais. Mais le général, homme perspicace comme on va en juger, se chargea de déjouer ses projets.

A Dogba, nous dûmes stationner quelques jours ; c’était le centre de ravitaillement pour la colonne et on devait y envoyer les blessés et les malades. Tout était mathématiquement et admirablement organisé. Une masse de coolies porteurs était recrutée à cet effet. Le général avait l’œil à tout. J’ai su plus tard, par des personnes qui l’ont approché tous les jours, que ce chef décidait tout lui-même et n’empruntait les idées de personne. Toute l’organisation de la campagne est sortie de son cerveau. Il parlait peu, mais avait l’art de se faire comprendre de tous. Il s’attachait à ne rien compliquer ; tout était réduit à la dernière simplicité et tout le monde se trouvait en état d’exécuter ses ordres, par l’habitude de l’initiative et sans avoir recours aux règlements. Tout ce qui n’était pas absolument utile était systématiquement écarté. Je me rappelle qu’un jour, pendant la colonne, je fus envoyé auprès de lui avec plusieurs camarades pour monter sa tente. Il se fâcha presque, en nous disant : « Allez donc monter la vôtre et couchez-vous. J’ai des coolies pour cela. »

Aucun officier n’était monté dans cette colonne. Les chevaux amenés de France et d’Algérie étaient presque tous morts. Un cheval appartenant au lieutenant-colonel Mauduit était devenu aveugle. Il fallut l’abattre

La plupart des mulets venant d’Algérie ont eu le même sort. Ces pauvres bêtes, qui valaient de 600 à 1000 francs chaque en Algérie, nous ont assez souvent — à défaut de mieux — ravitaillés en viande fraîche