Page:Leon Wieger - Histoire des croyances religieuses en Chine, 1922.djvu/48

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pour obtenir de ne pas rester stérile, comme elle s’en revenait, elle posa son pied dans l'empreinte du gros orteil du Souverain, frémit, conçut, mit au monde un fils qui devint ministre de l’agriculture. ».. Celle ode date du commencement de la dynastie, onzième siècle. Plus tard la même légende sera rappelée en ces termes : « Kianq-yuan fut sans faute. C’est le Souverain d’en haut qui la rendit mère. » (Odes Cheng-minn et Pi-houng.)

Vers 1018, un chant solennel résume ainsi la prédestination des Tcheou par le Souverain d’en haut, et le soin spécial qu’il prit d’eux durant plus de deux siècles, de 1275 a 1065 : « Auguste est le Souverain d’en haut. Il s’inclina vers la terre avec majesté. Il contempla les quatre régions, cherchant le site où il établirait notre peuple. — Le gouvernement des deux premières dynasties n’ayant pas été bon, le Souverain d’en haut chercha un homme dans les principautés des quatre régions. Il découvrit Tan-fou, l’aima et l’établit dans l’Ouest. — Le Souverain le fit prospérer; le Ciel le maria et lui conserva son mandat. Il étendit ensuite sa faveur à son fils, puis au fils de celui-ci ; il fixa sa faveur dans celle famille. — Le Souverain parla à l’empereur = Wenn. Élève tes aspirations, lui dit-il, plus haut que le niveau vulgaire. J’aime ta distinction et ta soumission. Attaque tes ennemis. Tu seras victorieux. — Fort de ce mandat, l’empereur Wenn défit les barbares, puis les seigneurs qui lui étaient hostiles. Il prépara la gloire future des Tcheou, par l’ordre exprès du Ciel. » Odes, Hoang-i, Wenn-wang you cheng.)

Les passages suivants sont tirés de six odes rituelles officielles, toutes antérieures à l’an 1030. « Ses trois ancêtres étant au ciel, l’empereur Ou continue leur œuvre sur la terre. L’empereur Wenn son père est là-haut ; oh ! comme il brille dans le ciel ; il assiste le Souverain. — Quand une vertu brille sur la terre, une gloire lui est destinée au ciel. A cause de sa vertu, un décret émané du Ciel statua que l’empereur Wenn régnerait sur le pays de Tcheou. Dans sa sollicitude, le Ciel lui procura, pour être son épouse, une fille de noble race, si vertueuse qu’elle paraissait être la petite sœur du Ciel. L’empereur Wenn servit parfaitement le Souverain d’en haut, qui le combla de biens. — Grand est le mandat du Ciel ! Il n’est pas perpétuel. Il n’est pas aisé de le conserver. Jadis les Yinn virent de beaux jours, tant qu’ils se conformèrent aux intentions du Souverain d’en haut. Puis ils perdirent sa faveur par Icui- infidélilé. Leur ruine est un exemple manifeste de la justice du Ciel, du Sublime Ciel, de Lui qui observe sans que sa présence soit perçue ni par l’ouïe ni par l’odorat. — Le Souverain d’en haut l’ayant ordonné, les Yinn furent vaincus par les Tcheou. Maintenant c’est l’empereur Ou qui fait, au temps marqué, la tournée d’inspection des fiefs ; c’est lui qui, maintenant le Splendide Ciel traite comme son fils. ».. Enfin l’empereur Ou dit lui-même : « Craignant jour et nuit les jugements du Ciel, je me conduis en conséquence. J’amène en offrande un bœuf et un mouton. Daigne le Ciel les mettre à sa droite, c’est-à-dire les agréer.


C.   En 1050, donnant l'investiture du fief de == Wei à son frère cadet == Fong, l’empereur Ou lui dit : « Pour bien gouverner, imite nos ancêtres ; apprends toi aussi du Ciel, qui les instruisit eux. Sans doute le Ciel est redoutable, mais