Page:Leon Wieger Taoisme.djvu/366

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de tout ce qui fatigue ou use. C’est pour cela qu’il se tient dans la retraite et l’obscurité. S’il en est tiré de force, il gouverne et administre d’après les mêmes principes, sans se fatiguer ni s’user, faisant le moins possible, si possible ne faisant rien du tout, afin de ne pas gêner la rotation de la roue cosmique, l’évolution universelle. Apathie par l’abstraction. Tout regarder, de si haut, de si loin, que tout apparaisse comme fondu en un, qu’il n’y ait plus de détails, d’individus, et par suite plus d’intérêt, plus de passion. Surtout pas de système, de règle, d’art, de morale. Il n’y a, ni bien ni mal, ni sanction. Suivre les instincts de sa nature. Laisser aller le monde au jour le jour. Évoluer avec le grand tout.


Reste à noter les points suivants, pour la juste intelligence du contenu de ce volume.

Beaucoup de caractères employés par les anciens taoïstes, sont pris dans leur sens primitif étymologique ; sens tombé en désuétude, ou devenu rare depuis. De là comme une langue spéciale, propre à ces auteurs. Ainsi Tao-tei-king ne signifie pas traité de la Voie et de la Vertu (sens dérivés de Tao et Tei), mais traité du Principe et de son Action (sens antiques).

Aucun des faits allégués par Lie-tzeu et surtout par Tchoang-tzeu, n’a de valeur historique. Les hommes qu’ils nomment, ne sont pas plus réels, que les abstractions personnifiées qu’ils mettent en scène. Ce sont procédés oratoires, rien de plus. Il faut surtout se garder de prendre pour réelles, les assertions de Confucius, toutes inventées à plaisir. Certains auteurs mal avertis, sont jadis tombés dans cette erreur, et ont de bonne foi imputé au Sage des effata que lui prêta son ennemi Tchoang-tzeu, pour le ridiculiser.

Confucius, le plastron de Tchoang-tzeu, est présenté en trois postures. — 1o comme l’auteur du conventionnalisme et le destructeur du naturalisme ; comme l’ennemi juré du taoïsme, par conséquent. C’est la vraie note. Ces textes sont tous authentiques. — 2o comme prêchant, en converti, le taoïsme plus ou moins pur, à ses propres disciples. Fiction parfois très ingénieusement conduite, pour faire ressortir des discours mêmes du Maître, l’insuffisance du Confucéisme et les avantages du Taoïsme. Textes authentiques, mais qu’il faut se garder d’imputer à Confucius. — quelques textes peu nombreux, purement confucéistes, sont des interpolations. Je les noterai tous.

De même, les parangons du système confucéen, Hoang-ti, Yao, Chounn, le grand U, et autres, sont présentés en trois postures. — 1o exécrés comme auteurs ou fauteurs de la civilisation artificielle. C’est la vraie note. Textes authentiques. — 2o loués pour un point particulier, commun aux Confucéistes et aux Taoïstes. Textes authentiques. — 3o loués en général, sans restriction. Interpolations confucéennes peu nombreuses, que je relèverai. — Je