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Page:Leopardi - Poésies complètes, trad. Vernier, 1867.djvu/181

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POÉSIES DE LÉOPARDI, 151 ce couauquel les désirs mettaient un collier ; cette main amoureuse qui chaque fois qu’elle s’offrait sentait devenir froide la main qu’elle serrait ; cette gorge dont la vue fesait pâlir, tout cela fut jadis ; maintenant tu es fange et ossements ; une pierre dérobe ton aspect hideux et triste.

Tels sont les retours du destin ! Cette beauté a paru parmi nous une vivante apparition du ciel. Mjstère éternel de notre être ! Aujourd’hui beauté sublime, source indicible de hautes pensées et de sentiments profonds, lumière immortelle dont le rayon projeté sur notre aride planète, semble fait pour promettre aux vivants un sort divin, des royaumes fortunés, un monde où règne l’âge d’or. Et demain, par la volonté foudroyante de je ne sais quel pouvoir, ce visage céleste ne sera plus que laideur, abomination, turpitude. Et en même temps s’évanouiront les nobles pensées qu’inspirait cette beauté. De même une savante harmonie, par un charme fatal, fait naître dans l’esprit rêveur des désirs infinis et des visions splendides ; l’âme secrète-