Aller au contenu

Page:Leopardi - Poésies complètes, trad. Vernier, 1867.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

^

POÉSIES DE

LÉOPARDI.

dispensateur des maux. Et toi, à qui m’asservit un immense amour, une constance sans reproches, une vaine fureur d’inépuisables désirs, vis heureux, si jamais enfant de la terre a connu le bonheur ! Jupiter ne m’a pas versé la douce liqueur du tonneau des biens, dont il est avare, depuis le jour où s’évanouirent les illusions et les rêves de mon enfance. Toute joie s’envole avec le premier âge. Aussitôt viennent la maladie, la vieillesse et l’ombre de la froide mort. Après tant de rêves de gloire, et tant d’espérances trompées, voici que j’approche des enfers ; mon génie est votre proie, divinités du Ténare, de la profonde nuit et de la rive éternellement silencieuse !