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XII

Histoire de la Nature et d’un Islandais.


Un Islandais, qui avait parcouru la plus grande partie du monde et séjourné dans les pays les plus divers, traversait un jour l’intérieur de l’Afrique et passait sous la ligne équinoxiale en un lieu où n’avait jamais pénétré aucun homme, quand il eut une aventure semblable à celle qui arriva à Vasco de Gama : on sait qu’au moment où Vasco franchissait le cap de Bonne-Espérance, ce cap lui-même ; gardien des mers Australes, s’offrit à lui sous la forme d’un géant, pour le détourner d’entrer dans ces eaux inconnues. L’Islandais vit de loin un corps immense ; il crut d’abord que c’était une statue de pierre semblable aux colosses solitaires qu’il avait vus, plusieurs années auparavant, dans l’île de Pâques. Il s’approcha et trouva que cette figure était celle d’une femme gigantesque, assise à terre, le buste droit, le dos et le coude appuyés à une montagne. C’était, non pas une statue, mais une personne vivante, à la figure moitié belle, moitié terrible, les yeux et les che-