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Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t2, 1880, trad. Aulard.djvu/25

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XIX

AU COMTE CHARLES PEPOLI.

(1826.)


Ce songe triste et pénible que nous appelons la vie, comment le supportes-tu, mon Pepoli ? De quelles espérances vas-tu soutenant ton cœur ? À quelles pensées, à quelles actions agréables ou fâcheuses dépenses-tu le loisir que te laissèrent tes antiques aïeux, lourd et fatigant héritage ? En toute condition, la vie est oisiveté, si l’on doit appeler ainsi les actes et les soins qui ne tendent pas à un digne objet ou qui n’atteindront jamais à leur but. Le peuple industrieux qui, depuis l’aube tranquille jusqu’au soir, brise la glèbe ou soigne les plantes et les troupeaux, si tu l’appelles oisif, tu diras juste et vrai, car sa vie n’a d’autre but que d’assurer sa vie, et la vie en elle-même n’a