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XXIII
CHANT NOCTURNE D’UN BERGER NOMADE DE L’ASIE.
(1831.)
Que fais-tu, lune, dans le ciel ? Dis-moi : que fais-tu, silencieuse lune ? Tu te lèves le soir, et tu vas contemplant les déserts ; puis tu te couches. N’es-tu pas encore rassasiée de repasser toujours dans les éternels sentiers ? Le dégoût ne te prend-il pas encore ? Es-tu encore désireuse de regarder ces vallées ? Elle ressemble à ta vie, la vie du pasteur. Il se lève à la première aube ; il fait sortir son troupeau dans la campagne, et voit des troupeaux, des fontaines et des herbes ; puis, fatigué, il se couche le soir ; il n’espère jamais rien d’autre. Dis-moi, ô lune, à quoi sert au berger sa vie, et à quoi vous sert la vôtre ? Dis-moi : quel est le but de mon court passage, et quel est celui de ta course immortelle ?