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Fragments.



XXXVI


Alceta.

Écoute, Mélisso : je veux te conter un songe de cette nuit, qui me revient à l’esprit en revoyant la lune. Je me tenais à la fenêtre qui donne sur le pré et je regardais en haut, quand à l’improviste la lune se détacha, et il me semblait que, plus elle s’approchait dans sa chute, plus elle grandissait à mon regard. Enfin elle vint se heurter au milieu du pré. Elle était grande comme un seau, et vomissait une nuée d’étincelles qui bruissaient aussi fort que quand tu plonges et tu éteins dans l’eau un charbon ardent. Ainsi la lune, comme je l’ai dit, s’éteignait en noircissant peu à peu au milieu du pré et l’herbe fumait tout autour. Alors, regardant au ciel, je vis comme une lueur ou une trace ou plutôt la niche dont elle