Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t2, 1880, trad. Aulard.djvu/97

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avait été arrachée. Cette vision était telle que j’en fus glacé de terreur, et que je ne suis pas encore bien rassuré.

Mélisso.

Tu as bien raison de craindre : il serait en effet fort possible que la lune tombât dans ton champ.

Alceta.

Qui sait ? Ne voyons-nous pas en été tomber les étoiles ?

Mélisso.

Il y a tant d’étoiles que c’est une petite perte, si l’une ou l’autre d’elles vient à tomber, quand il en reste mille. Mais il n’y a que cette lune au ciel, et personne ne l’a jamais vue tomber, si ce n’est en rêve.




XXXVII


Errant ici autour du seuil, j’invoque en vain la pluie et la tempête pour retenir ma dame en mon logis.

Cependant le vent mugissait dans la forêt, et le tonnerre errant mugissait dans les nuages, avant le réveil de l’aurore.