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Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t3, 1880, trad. Aulard.djvu/181

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PENSÉES


I


Je me suis longtemps refusé à tenir pour vraies les choses que je vais dire : outre que ma nature était trop éloignée de ces choses et que l’esprit tend toujours à juger les autres d’après lui-même, mon inclination n’a jamais été de haïr les hommes, mais de les aimer. Enfin l’expérience m’a persuadé, presque violemment, et les lecteurs qui se trouveront avoir longtemps et diversement pratiqué les hommes, avoueront, j’en suis sûr, que ce qu’ils vont lire est la vérité : les autres le tiendront pour exagéré tant que l’expérience de la société, si jamais ils ont l’occasion de l’acquérir, ne le leur aura pas mis sous les yeux.

Je dis que le monde est une ligue de fripons contre les honnêtes gens, des hommes vils contre