En janvier 1862, Zola était accepté dans l’importante maison Hachette. On
lui assignait son emploi au bureau du matériel. Ses appointements furent
fixés à cent francs par mois. Cela lui permettait de vivoter. Il lui
restait quelques heures, matin et soir, en dehors du bureau, pour se
livrer à ses occupations de prédilection : la rêverie et la composition de
poèmes, de contes, également faiblards et ingénus. Il s’accommoda de cette
situation.
Auparavant, il avait eu un emploi aux Docks. Il y était resté deux mois.
Le local sombre et malodorant, la besogne fastidieuse, les rapports
pénibles avec le personnel et les chefs, la longue présence exigée, tout
contribuait à le décourager, à le lasser.
Je ne m’amuse nullement aux docks, écrivait-il. Voici un mois que je
vis dans cette infâme boutique et j’en ai, par Dieu ! plein le dos,
les jambes et les autres membres… je trouve mon bureau puant et je
vais bientôt déguerpir de cette immonde écurie…
Chez Hachette, le local était plus attrayant, la tâche moins rebutante.
Il changea assez rapidement de service, et fut attaché à « la publicité » .
C’est une des divisions importantes de la maison Hachette. On s’y trouve
en rapports quotidiens avec les auteurs, les directeurs de journaux, les
critiques et les journalistes. Émile Zola fut un bon employé. Il avait des
instincts d’ordre, des goûts de classement, des habitudes de ponctualité,
qui, dans l’administration, dans le commerce, sont des qualités
appréciées. Son bureau de commis de librairie devait être aussi propre,
aussi bien tenu, aussi rangé, avec les papiers et les accessoires
d’écriture, que le fut, aux Batignolles, à Médan, rue de Boulogne et rue
de Bruxelles, sa table de travail d’auteur devenu riche et célèbre.
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