« Voyez où je suis arrivé ! je suis pourtant parti de là !… »
La préface de l’édition de 1889 expose à peu près ce sentiment :
Je me décide, dit Zola, à rendre cet ouvrage au public, non pour son
mérite, certes, mais pour la comparaison intéressante que les curieux
de littérature pourraient être tentés de faire, un jour, entre ces
premières pages et celles que j’ai écrites plus tard.
En donnant cette nouvelle édition, l’auteur a cru devoir y apporter
certaines retouches, d’ailleurs sans grande importance. Ainsi,
l’héroïne, une grisette à la Murger, s’appelait Paillette et avait comme
caractéristique un aspect « maladif et charmant » ; elle prend le nom moins
fantaisiste de Julia, dans la réédition, et elle a un charme pervers, et
non plus morbide.
A signaler aussi quelques modifications de style, comme dans cette phrase :
« Vous vous laissez emporter par vos affections », remplacée par une brève
affirmation : « Vous êtes un passionné. » Tout un vocabulaire religiosâtre,
car il y avait beaucoup d’invocations à Dieu, â l’âme, à la prière, à
l’ange gardien, dans le texte juvénile, a disparu sous la retouche de
l’auteur de Nana.
Ces corrections légères n’ont ajouté aucun intérêt à l’œuvre primitive,
et ne lui enlèvent rien de son caractère d’ouvrage de début, imparfait, et
susceptible seulement de provoquer la curieuse comparaison entre le Zola
de 1866 et celui de 1889, indiquée dans la préface.
Comme l’avait prévu l’auteur, cette interrogation se présente à l’esprit,
et pique la curiosité : Comment a-t-il donc fait, ce diable d’homme, qui a
composé, à vingt-six ans, cette berquinade, pour écrire, bientôt après,
la tumultueuse et superbe marche dans la nuit des paysans
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