Les Héritiers Rabourdin et le Bouton de Rose, ses deux seuls ouvrages
originaux, qui, par conséquent, doivent être considérés comme son
principal bagage dramatique, ne sont pas restés au répertoire, et ne
sauraient figurer que comme mémoire dans le bilan de ses œuvres. Cet
insuccès théâtral persistant l’irrita. Il y eut, sans doute, de la
prévention contre Zola auteur dramatique. Le parti-pris de la presse,
et d’un certain public, d’imposer l’absurde limitation des genres, fut
évident. Comme si l’art devait avoir des compartiments et des rayons,
ainsi qu’un magasin ! Comme si les écrivains, assimilés aux gens de métier
du temps des jurandes, ne devaient jamais se livrer à aucun travail en
dehors de l’atelier corporatif où ils étaient parqués ! Enfin, ce préjugé
existe, et il est parfois périlleux de n’en pas tenir assez compte. On
assomme les talents doubles, et les artistes multiples, avec l’anecdote,
qui ne prouve rien du tout, d’Ingres se mettant à jouer du violon, quand
on visitait son atelier. Balzac non plus ne connut pas la victoire
scénique. On fit expier à l’auteur dramatique la maîtrise incontestable
du romancier. Il y a de la jalousie et du dépit, dans le public, quand il
assiste à la multiplicité des efforts du génie. Il se trouve comme humilié
par cette exubérance déployée. Il ne veut pas admirer deux fois et sous
deux formes. Le lecteur et le spectateur ne sont qu’un, mais ils exigent
deux auteurs : l’un pour le théâtre, et l’autre pour le home. Ces gens de
génie, aussi, sont inconvenants : ils veulent par trop accaparer la gloire.
A bas les cumulards ! Nul ne peut servir deux maîtres. Pourquoi ce Balzac,
ayant produit la Cousine Bette, chef-d’œuvre devant lequel il faut bien
s’incliner, a-t-il la prétention de forcer les gens à saluer derechef
Quin ola ou Mercadet ? Ces deux pièces
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