Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/194

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avec plaisir, et applaudis sans protestation, prouvent qu’il y eut parti pris, pour ne pas dire cabale, contre l’auteur, déjà trop célèbre, de l’Assommoir et de la Page d’Amour. Au second acte, où la jeune épouse, entraînée au mess des officiers, se laisse griser et entonne le refrain de route : As-tu bu Au tonneau de la mèr’Pichu ! (bis) Il s’éleva des murmures véritablement exagérés ; il y eut même des sifflets tout à fait excessifs. Ces indignations dépassaient la mesure, en admettant que la chanson troupière, fort crânement et gentiment lancée par Mlle Lemercier, ait déplu aux délicats spectateurs, accoutumés à se pâmer lorsqu’on jouait la Mariée du Mardi-Gras ou le Chapeau de Paille d’Italie. Zola fut blessé et attristé de cet échec inattendu et, en quelque sorte, inexplicable de Bouton de Rose. Il n’avait voulu écrire qu’une farce, afin de montrer sans doute qu’il était capable de besognes vulgaires, et on le jugeait avec la sévérité à peine de mise pour une grande comédie de mœurs à prétentions philosophiques. On ne doit pas regarder le Médecin malgré lui avec les yeux graves et la pensée en éveil qui conviennent aux représentations du Misanthrope. On a prêté à Zola, après coup, une attitude, autre que celle qu’il eût réellement, la vraie, la bonne. Quand, le rideau relevé, l’excellent artiste Geoffroy, si aimé du public, pourtant, eut toutes les peines du monde à nommer l’auteur, au milieu de sifflets et de clameurs, également stupides, on a montré Zola affectant, dans les coulisses, au milieu des cabotins effarés et devenus méprisants, une attitude hautaine. Aux directeurs consternés il aurait dit : «