Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/208

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cette pièce réussit extraordinairement. En Angleterre, soutenue par les sociétés de tempérance et d’autres confréries de « teetotalers », elle est considérée comme ayant une portée moralisatrice. Nana, où Massin apparaissait hideuse, avec le visage boursouflé par la petite vérole ; Pot-Bouille, le Ventre de Paris, furent également joués avec un nombre de représentations auquel Zola, sans collaborateur, n’était pas habitué. Germinal, d’abord interdit, fut transporté sur une scène de quartier, aux Bouffes du Nord. Zola eut une collaboration musicale importante : le compositeur Alfred Bruneau donna à l’Opéra, Messidor, en 1897 ; à l’Opéra-Comique, le Rêve et l’Attaque du Moulin, d’après la nouvelle des Soirées de Médan qui fut reprise, avec la grande artiste Delna, à la Gaîté, en 1907. De son roman la Curée, il tira, pour Sarah-Bernhardt, une pièce portant le titre de l’héroïne, Renée, qui ne fut pas jouée. Zola n’avait pas tout à fait abdiqué ses prétentions d’auteur dramatique, malgré ses insuccès du début. Il raisonnait, toutefois, ses aptitudes théâtrales et ses chances de réussite : Il y a, au théâtre, un élément essentiel dont il faut toujours tenir compte, disait-il à un journaliste l’interviewant à la veille de la représentation du Ventre de Paris, au Théâtre de Paris (ancien Théâtre des Nations, puis Théâtre Sarah-Bernhardt) : c’est le succès. On n’est pas un bon auteur dramatique si l’on n’a pas de succès. Pour l’obtenir, il faut de la persévérance, il faut accommoder son tempérament et son talent à certains goûts du public. J’admets très bien qu’on fasse une première pièce, et même une seconde, qui ne réussiront pas, mais on ne peut en écrire de mauvaises toute sa vie. Je suis condamné à écrire des romans pendant cinq ou six années encore. Je dois terminer une série de vingt volumes sur les Rougon-Macquart. Mais le roman ne m’intéresse plus