Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/221

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les lecteurs de la seconde moitié du XXe siècle ne se préoccuperont guère des théories du « Naturalisme » auxquelles Zola attachait si grande importance. On se demandera : le Naturalisme ? qu’est-ce que cela voulait bien dire exactement ? On peut même déjà se poser la question. Ethymologiquement, et logiquement aussi, ce terme devait signifier : retour à la nature. Le mot « réalisme » convenait peut-être mieux aux écrivains, qui se proposaient, comme Zola, de montrer l’humanité telle qu’elle était, et non pas telle qu’elle devrait être. On peut noter que, dans ses derniers ouvrages, Zola a pris le contre-pied du « naturalisme », puisque, dans Fécondité, Travail, Vérité, il dépeint une humanité idéale, des personnages hors nature, se mouvant dans des situations et dans des milieux, non plus réels, mais tels que l’auteur et ses coreligionnaires souhaiteraient d’en rencontrer, d’en créer. Les vrais réalistes, ancêtres de nos naturalistes, ce sont, d’abord, le puissant et encyclopédique Diderot, le créateur de la tragédie bourgeoise ; le plat et incolore La Chaussée ; ensuite les romanciers, aux peintures triviales et aux aventures souvent libertines, de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe ; les chansonniers poissards, les vaudevillistes du Caveau ; Restif de la Bretonne, Pigault-Lebrun, puis Auguste Lafontaine, Paul de Kock, beaucoup trop dédaigné présentement, et à qui ses vulgarités d’expressions et ses scènes d’une crudité trop réelle ont fait le pire tort ; Henry Monnier, l’inventeur du bourgeois type du XIXe siècle, personnage considérable de la comédie et du vaudeville modernes, reproduit par tous les auteurs, et devenu le principal rôle du répertoire de Labiche, de Gondinet, de