Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/222

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Gandillot, de Feydeau. Un portrait d’après nature, ce Joseph Prudhomme, dont un acteur de grand talent, Geoffroy, donna cent copies. Enfin, Champfleury, Duranty et Gustave Flaubert, voilà les réalistes, les véritables naturalistes. Balzac est à part : comme Zola, c’est un romantique, un poète en prose, un faiseur d’épopées, l’Homère en robe de moine, vagabondant, puis se claustrant à travers la France, d’une Iliade dont les Achille et les Hector sont des usuriers, des avoués, des journalistes, des commis-voyageurs, des apprentis ministres, des bandits, des commerçants, des grands seigneurs ; et les Hélène ou les Hécube, des filles d’opéra, des duchesses, des paysannes, des boutiquières, des bas-bleus et des parentes pauvres. On ne saurait nier l’influence de Balzac sur tous ceux qui se sont appelés, ou qui se sont laissé appeler des Naturalistes. Il y a, toutefois, dans l’œuvre d’ensemble de Balzac, toute une partie d’imagination, d’aventures exceptionnelles et de personnages extraordinaires, qui ne rentrent nullement dans le genre d’études précises, d’observations exactes et de faits empruntés à la vie ordinaire, bourgeoise, ouvrière, qui caractérise le roman dit naturaliste. Ferragus et les Dévorants, dont il est le XXXVIe roi, les incarnations de Vautrin, ce grand-père du Rocambole de Ponson du Terrail, les mélodramatiques scènes de la Femme de Trente ans, les aventures mouvementées de La Torpille, de Lucien de Rubempré, et des principaux personnages des Illusions perdues, la fantasmagorie swedenborgienne de Seraphitus Seraphita, et les péripéties des Chouans, narrées à la façon de Walter Scott, n’ont qu’une analogie très vague avec Germinie Lacerteux ou avec Pot-Bouille. Balzac,