Il y eut sans doute, dans l’inspiration de Zola, dans son désir de
composer « l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second
Empire », une autre préoccupation que celle de décrire les ravages
successifs de la névrose d’Adélaïde Fouque, parmi ses descendants, tous
placés dans des milieux divers et situés à des échelons différents de
l’ordre social. L’étude détaillée, brillante aussi, de la lésion organique
ancestrale d’une paysanne, et l’analyse des manifestations de cette tare
originelle dans la postérité de cette démente, ne pouvaient suffire à
l’imagination et à la puissance généralisatrice d’un poète tel qu’il était,
à l’heure où il écrivait la première ligne de la Fortune des Rougon,
tel qu’il est resté lorsqu’il nous donnait l’épopée sombre et grandiose
de la Débâcle. Au fond, il rêvait une autre et plus vaste composition,
qu’une série de procès-verbaux et d’observations physiologiques sur des
accidents héréditaires, nerveux et sanguins. Il était romancier, poète,
surtout, un grand artiste capable de peindre de larges fresques, il ne
pouvait d’avance se confiner dans un travail de carabin, dans un rapport
de médecin-légiste. Aussi a-t-il largement sauté, et par des bonds
superbes, au-delà du cercle anatomique dans lequel il avait prétendu
s’enfermer.
Il n’a pas toujours appliqué logiquement et scientifiquement la théorie de
l’hérédité, qu’il attribuait comme base à l’édifice littéraire qu’il avait
résolu de construire, et dont il portait déjà tous les devis et toutes les
proportions, dans son jeune et ardent cerveau.
Le principe de l’hérédité est que tous les êtres tendent à se répéter dans
leurs descendants. Les races, les nations, les populations, les familles
ont une sorte d’identité collective et générale. L’hérédité se fait
sentir dans les
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