Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/241

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Les qualités particulières d’une espèce : la vitesse des chevaux de courses, le flair et la sagacité des chiens de chasse, sont tellement considérés comme essentiellement héréditaires que le prix d’achat de ces animaux est fondé sur leur filiation exacte. Certains prix, dans les épreuves de courses, les paris, les enchères sont établis d’après les noms des parents et les renseignements que l’on a sur leurs anciennes actions. L’élevage, en général, attribue l’importance la plus grande à l’hérédité. L’animal vaut, à sa naissance, par son pedigree. En est-il de même, chez l’homme, pour le caractère, pour la santé morale, pour la vigueur intellectuelle, pour les talents, pour les vertus civiques ou privées ? Le doute est permis. On signale, il est vrai, des familles où des supériorités artistiques se sont maintenues, d’autres, où des habiletés professionnelles se sont visiblement transmises. Il est des lignées notoires de musiciens, de peintres, de militaires, d’athlètes, de maîtres d’armes, de constructeurs, d’inventeurs. L’hérédité est-elle seule en cause ? L’exemple, les propos perçus dès les primes auditions, les encouragements paternels ou maternels, la familiarisation, au bas âge, avec les instruments ou les outils de l’art et du métier des parents, ont une influence plus décisive sur la vocation, et sur la future maîtrise de l’enfant, que l’hérédité en soi. Les légistes, les criminalistes, les médecins rendent l’hérédité responsable de bien des infirmités morales. Sans doute, il est fréquent de voir le fils d’un alcoolique, d’un débauché, d’un paresseux, d’un voleur, ou d’un meurtrier, suivre les traces paternelles. Mais qui ne voit que la fatalité du milieu, la contagion perverse du voisinage, la misère, le manque de bons exemples et d’utiles enseignements, ne jouent, dans cette transmission